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Kari randonnée au dessus d'un fjord

Hardangervidda

Photo du rédacteur:  Kari & Jonathan Kari & Jonathan

Jonathan dans la neige portant le regard au loin de nuit

Hardangervidda en fĂ©vrier est connu pour ses conditions mĂ©tĂ©orologiques trĂšs difficiles avec des jours blancs, des vents violents et de fortes chutes de neige. C'est prĂ©cisĂ©ment ces conditions que nous recherchions, car nous voulions nous entraĂźner dans des conditions difficiles afin d'acquĂ©rir de nouvelles compĂ©tences et d'ĂȘtre mieux prĂ©parĂ©s pour des expĂ©ditions plus longues dans des endroits encore plus reculĂ©s.


Nous avons dĂ©jĂ  fait l'expĂ©rience de vents violents, de chutes de neige abondantes et de tempĂ©ratures extrĂȘmes, mais seulement pendant des pĂ©riodes plus courtes. Cette fois-ci, nous voulions nous mesurer Ă  des conditions encore plus difficiles et pendant plus longtemps. Disons que nous avons eu ce que nous cherchions.


En fait, Roald Amundsen a dĂ©clarĂ© que son voyage le plus difficile et le plus dangereux s'est dĂ©roulĂ© juste Ă  cet endroit, car il a Ă©tĂ© surpris par une tempĂȘte pendant sa traversĂ©e. En d'autres termes, Hardangervidda n'est pas une plaisanterie.


Nous avons fait de notre mieux pour nous prĂ©parer Ă  relever les dĂ©fis. Nous avons Ă©tabli une liste du matĂ©riel Ă  emporter, l'avons vĂ©rifiĂ© plusieurs fois pour ĂȘtre sĂ»rs de ne rien oublier, et nous avons apportĂ© quelques modifications Ă  notre Ă©quipement.


Certains diront que nous avons eu trop de problĂšmes avant mĂȘme de prendre le dĂ©part. Jonathan venait de terminer un traitement antibiotique pour une infection au doigt, et Kari a dĂ» s'arrĂȘter aux urgences sur la route car elle avait Ă©galement attrapĂ© une infection. Tout cela, en plus de quelques complications avec certains Ă©quipements.


À ce stade, nous ne pouvions plus faire marche arriĂšre. Nous devions trouver des solutions, car nous Ă©tions dĂ©terminĂ©s et tellement excitĂ©s de commencer. Ainsi, Ă  l'approche de Finse, nous avons chaussĂ© nos skis et nous nous sommes mis en route. Nous Ă©tions trĂšs heureux d'ĂȘtre enfin lĂ , de nous Ă©loigner lentement des chalets et de pĂ©nĂ©trer dans la blanche et merveilleuse nature sauvage.


À partir de lĂ , nous avons passĂ© nos journĂ©es Ă  marcher, en avançant lentement. Nous avons alternĂ© entre celui qui faisait la trace et celui qui suivait derriĂšre. DĂšs le dĂ©but, nous avons rencontrĂ© des vents assez forts, qui faisaient un bruit de fond constant. Tandis que le voile blanc effaçait complĂštement les paysages autour de nous, il ne nous restait plus que divaguer dans nos pensĂ©es. Nous nous divertissions en rĂ©flĂ©chissant aux Ă©vĂ©nements passĂ©s et en pensant aux idĂ©es et aux rĂȘves futurs.


Les journées étaient longues lorsque nous marchions pendant des heures avec pour seule compagnie le bruit du vent et rien d'autre à voir que la pointe de nos skis. La plupart du temps, la neige était humide et collante, et de gros paquets de neige restaient coincés sous nos skis. Chaque pas était un effort. Les heures passaient lentement, mais le compteur kilométrique du GPS était presque immobile.


Les prĂ©visions mĂ©tĂ©orologiques nous avertissaient de l'arrivĂ©e d'une tempĂȘte. Nous avons fait en sorte de sĂ©curiser au mieux la tente et nous avons construit un mur de neige dans la direction du vent. Nous avons dĂ» nous faire confiance en allant nous coucher ce soir.


Nous nous sommes rĂ©veillĂ©s lorsque le vent a commencĂ© Ă  souffler comme un fou. La tente tremblait et nous a tenus Ă©veillĂ©s toute la nuit. Le bruit et les vibrations Ă©taient effrayants et nous avions peur que la tente se dĂ©chire ou s'effondre. Au milieu de la nuit, nous avons dĂ» sortir de nos sacs de couchage, mettre des vĂȘtements et sortir pour enlever la neige de la tente afin de ne pas risquer d'ĂȘtre ensevelis.


Le matin, le vent s'Ă©tait un peu calmĂ© et nous avons pu rĂ©cupĂ©rer quelques heures de sommeil avant de prĂ©parer le petit-dĂ©jeuner. Mais avant que nous nous en rendions compte, le vent s'Ă©tait remis Ă  souffler. La tente tremblait comme jamais auparavant. Lorsque nous sommes sortis, nous avons dĂ©couvert une tente complĂštement recouverte de neige, le vent Ă©tait extrĂȘmement fort et il soufflait et neigeait de tous les cĂŽtĂ©s. Nous n'avions jamais vu autant de neige.


Nous étions terrifiés. Nous ne voyions absolument rien, tout était blanc autour de nous et nous étions violemment giflés par la neige et le vent sans interruption. Nous avons enlevé la neige du mieux que nous pouvions, mais rien n'y faisait, elle revenait aussi vite. C'était comme nager à contre-courant sans jamais atteindre le rivage...


Le mur de neige que nous avions construit la veille ne servait plus à rien car le vent avait complÚtement tourné. Nous avons commencé à en construire un nouveau de l'autre cÎté de la tente. Nous l'avons construit aussi haut et solide que possible, et nous avons continué à enlever la neige pour éviter que la tente ne disparaisse sous la neige.


Cela a durĂ© toute la journĂ©e. Nous Ă©tions totalement Ă©puisĂ©s et terrifiĂ©s. Nous ne pouvions pas nous endormir car nous devions continuer Ă  lutter contre la neige pendant la nuit. À ce moment-lĂ , nous nous sommes retrouvĂ©s Ă  plus d'un mĂštre et demi sous le niveau du sol.


Lorsque la tempĂȘte s'est enfin calmĂ©e aprĂšs 36 heures passĂ©es dans la tente, nous avons dĂ» creuser trĂšs profondĂ©ment pour trouver les ancres Ă  neige et mĂȘme nos skis. Le vent soufflait toujours aussi fort, mais nous avons pu avancer et poursuivre le voyage.


Comme nous n'avions pas vraiment dormi les deux nuits prĂ©cĂ©dentes, nous Ă©tions prĂȘts Ă  passer une bonne nuit sans avoir Ă  aller dĂ©neiger pendant la nuit. Nous avons montĂ© la tente et cuisinĂ© avant de nous coucher trĂšs tĂŽt.


Le vent était plus calme, mais nous étions toujours sur nos gardes suite à l'expérience effrayante que nous avions vécue les nuits précédentes. C'est pourquoi Kari s'est réveillée trÚs rapidement lorsqu'elle a soudainement entendu un grand "BOOM !", sans savoir s'il s'agissait d'une grosse avalanche à proximité ou du glacier qui se fissurait.


C'est ainsi que les jours ont passĂ©, nous avons menĂ© notre petite vie avec routine. Nous avons connu plusieurs jours et nuits de tempĂȘte. Un aprĂšs-midi, un orage nous a surpris alors que nous Ă©tions en train de monter la tente, ce qui a rendu l'opĂ©ration trĂšs compliquĂ©e.


C'est comme si nous nous Ă©tions habituĂ©s Ă  vivre au milieu des tempĂȘtes. Nous devions construire des toilettes tous les jours pour nous protĂ©ger du vent et de la neige. SĂ©curiser la tente pour Ă©viter qu'elle ne s'envole lorsqu'on la monte tous les soirs. Construire un grand nombre de murs de neige. Porter une quantitĂ© de neige dont nous aurions aimĂ© connaĂźtre le poids total. Terminer chaque jour en Ă©crivant notre journal, en espĂ©rant que MĂšre Nature nous protĂšge pendant la nuit.


C'est de loin la chose la plus difficile que nous ayons faite (jusqu'à présent), et nous n'avons jamais été aussi heureux d'arriver à notre point d'arrivée, de pouvoir nous asseoir sur un siÚge dans le train, de prendre une douche, d'avoir un peu de confort et de ne pas avoir à lutter contre quoi que ce soit pendant un certain temps.


On pourrait se demander comment nous sommes restés motivés lorsque les conditions étaient compliquées et que les choses devenaient vraiment difficiles. La réponse est trÚs simple : nous ne l'avons pas fait.


Ce qui nous a permis de tenir, c'est l'engagement que nous avons pris envers nous-mĂȘmes et envers les autres, l'espoir que des moments plus faciles viendraient, le soutien mutuel et l'autodiscipline.

Nous n'avions pas d'autres choix que de continuer, de sortir de nos sacs de couchage chauds et confortables le matin, de continuer Ă  parler mĂȘme si nous Ă©tions fatiguĂ©s et d'accomplir toutes les tĂąches nĂ©cessaires mĂȘme si nous n'en avions pas vraiment envie.


Si nous devons attendre d'ĂȘtre motivĂ©s avant de commencer Ă  prendre des mesures pour atteindre nos objectifs, nous pourrions attendre Ă©ternellement...



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